samedi 27 octobre 2012

BD - Les (vraies !) histoires de l'art, de Sylvain Coissard

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Redirection en htm Il est parfois difficile de rendre attractif les arts picturaux, plastiques. D'une certaine manière, comme pour la littérature, il y a parfois une approche trop corsetée, sacrée, qui rend la discipline froide et impose une distance. Il est bien compliqué, dans ces conditions, de donner aux plus jeunes (et moins jeunes également) le goût de la peinture de Rembrandt ou Van Gogh.



En cherchant quelques ouvrages sur le sujet, des initiations essentiellement, je découvris avec plaisir cette initiative de Sylvain Coissard, aux éditions Palette, Les (vraies !) histoires de l'art. Bien que le livre, qui se présente comme un album jeunesse, soit dirigé vers les enfants, il est finalement pertinent auprès de tous. En effet, le but de Coissard est simple : faire découvrir des classiques de la peinture par le biais de l'humour.

Par sa sélection de tableau (une anthologie qui amène vers la peinture sacrée, Van Gogh, Monet, etc.), sa mise en scène et son principe ludique (comic strip, une chute, pas de dialogue), ce petit ouvrage réussit à marquer les esprits et à entériner dans les mémoires plusieurs chefs-d'oeuvre. En trois cases, la composition classique du comic strip, Coissard raconte une histoire drôle. La dernière case est souvent celle du tableau final. Les deux précédentes racontent les évènements qui conduisent à cet état.

Prenons quelques extraits, la couverture visible ci-dessus explique l'origine du cri de Munch (un homme perdant sa perruque). Ci-dessous, les dessous cachés de la chambre de Van Gogh (un texto des parents affolant Vincent qui range ainsi sa chambre) ou encore l'explication de la présence des canotiers (un happy hour forcément attractif). Simple, drôle et pédagogique. Une bien belle formule pour initier les plus jeunes à l'art pictural.



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mercredi 24 octobre 2012

John Kennedy Toole et le zèle policier

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Redirection en htm L'Amérique a fourni au monde, dans la deuxième moitié du XXème siècle, plusieurs écrivains qui marquèrent de leur empreinte la littérature. Souvent affiliés au domaine de l'auto-fiction (John Fante, Charles Bukowski, Exley, etc.), certains créèrent dans un cadre plus classique (roman à la troisième personne, etc.). Ce fut le cas de John Kennedy Toole et de son roman : La Conjuration des imbéciles.


John Kennedy Toole

La vie de Toole est presque aussi romanesque que son oeuvre, finalement très réduite puisqu'elle comprend l'ouvrage dont nous allons parler et La Bible de néon. Toole écrit donc sa Bible, premier roman qui ne fait pas grand bruit, remplit ses obligations militaires puis de retour chez ses parents, après de multiples tentatives de publication (ratées), se suicide. Toole avait 31 ans. C'est grâce à sa mère, qui proposera le manuscrit de feu son fils à divers hommes de lettres que La Conjuration des imbéciles sera publié. A titre posthume, Toole recevra le prix Pulitzer de la fiction.

La Conjuration des imbéciles raconte l'histoire d'Ignatius J. Reilly, un américain obèse vivant chez sa mère, cynique et plein de grandes idées sur le monde. Une sorte de décadent outrancier, étrange mélange entre un personnage de Huysmans (des Esseintes d'A Rebours) et le burlesque américain ("a mad Oliver Hardy" dira Walker Percy dans une préface). Ignatius oscille en permanence entre un pessimisme faisant mouche et l'outrance, la bouffonnerie.

L'extrait ci-dessous illustre cet étrange mélange. Alors qu'Ignatius attend sa mère à l'extérieur d'une boutique, un policier l'interpelle du fait, principalement, de son accoutrement (le bonhomme a une casquette verte et une tonne de vêtements sur lui). Ignatius s'offusque et se lance dans une longue tirade où la colère saine côtoie bien rapidement le lyrisme fou de ce personnage excessif.

"Notre ville est célèbre pour ses joueurs professionnels, ses prostituées, ses exhibitionnistes, ses antéchrists, ses ivrognes, ses sodomites, ses drogués, ses fétichistes, ses onanistes, ses pornographes, ses fripons, ses coquines, ses vandales et ses lesbiennes, tous et toutes dûment protégés par la prévarication et le trafic d’influence. Si vous avez un moment, je suis prêt à entreprendre de débattre avec vous du problème de la criminalité, mais ne commettez surtout pas l’erreur de m’importuner moi"

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mercredi 17 octobre 2012

Lecture du moment - La théorie de l'information d'Aurelien Bellanger

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J'ai décidé de faire un effort pour cette rentré littéraire. Du coup, comme il me fallait choisir un livre, j'ai jeté mon dévolu sur La théorie de l'information d'Aurélien Bellanger. Après cent pages, je dois avouer que je suis globalement conquis par cette fresque d'une France tentant ysa chance dans les nouvelles communications via le minitel. Entre Balzac (projet réaliste) et Houellebecq (rapports virtuels, misère du désir), un jeune auteur talentueux.

mercredi 10 octobre 2012

Manga - Mutant Hanako, de Makoto Aida

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Makoto Aida est un artiste contemporain japonais. Il a travaillé pour le cinéma, le théâtre mais également pour lui-même (vidéos, peintures). Souvent provocateur dans le choix de ses sujets, et leur représentation, Aida est allé sur le terrain des mangas pour nous proposer Mutant Hanako.



Mutant Hanako est une oeuvre déroutante pour plusieurs raisons. Il s'agit tout d'abord d'un manga pornographique et politique. Le "et" n'est pas de trop. Par une veine sexuelle, les pénétrations ne sont pas masquées, Aida aborde plusieurs sujets politiques comme le rapport Etats-Unis/Japon (entre amour et haine), le souvenir des sévices du passé (les bombes nucléaires, etc.), etc. A une époque qui utilise plus que jamais la pornographie comme industrie de pure consommation "débilisante" (des scènes explicites mais pas de propos), il est étonnant de retrouver un sens critique comme on pouvait en voir dans les débuts du porno français au cinéma, par exemple.



L'autre élément qui déroute le lecteur, c'est la relative simplicité du trait. Qu'on ne s'y trompe pas, Makoto Aida sait dessiner, il ne s'agit pas d'une absence de maîtrise. Au contraire, tout le travail d'Aida est de dessiner comme un enfant : le trait brouillon, une colorisation hasardeuse aux crayons de couleur, le froissement du papier rappelant le cahier crayonné de l'écolier, etc. Cet objectif esthétique est pleinement rempli et a le mérite d'offrir un étonnant décalage entre le propos (cru et politique) et la forme (enfantine et a priori naïve).



Dans Mutant Hanako, le Japon est en guerre avec les Etats-Unis. Alors que le pays du soleil levant est en pleine crise, à deux doigts de la défaite totale, une jeune femme, Hanako, est désignée comme étant l'élue. Elle va alors livrer de difficiles combats pour sauver son pays.

En choisissant l'outrance et le bouffon, Aida nous montre les similitudes et différences des deux nations; parodie les codes du manga grand public (l'affrontement en plusieurs phases du grand méchant, les éternels rebondissements sans fin, etc.), renoue avec une tradition de l'étrange et du déviant singulièrement japonaise (déviance encore observable dans le cinéma de série B japonais, actuellement, avec des films comme Dead Sushi).



Politiquement, les lectures sont diverses. On peut opter pour la bouffonnerie sans fond (choquer pour choquer), ou pour le message premier degré : anti-américain et revanchard. Peu importe au final, l'essentiel étant que l'on se retrouve face à un manga hors-normes, qui ose tout quitte à choquer son lecteur. Et ça, dans la production actuelle, c'est tout de même assez rare. Probablement le fait que Aida n'est pas un mangaka ordinaire, payé aux prépublications, mais un artiste multi-cartes.

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mardi 2 octobre 2012

Takeshi Kitano et la course

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Takeshi Kitano est l'archétype de l'artiste pluriel. Peintre, créateur de jeux vidéo, cinéaste, écrivain, présentateur télé...l'homme touche à tous les domaines pour tenter d'y apporter sa vision du monde et de la vie. Le bouffon ou la mélancolie, parfois les deux côte à côte. 



Depuis quelques années, des éditeurs français proposent des traductions des nouvelles et des romans de Kitano. L'homme est prolifique mais l'intégralité de son oeuvre a du mal à passer les frontières. Néanmoins, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture d'Asakusa Kid,  roman autobiographique racontant les années de manzaï de Kitano (duo de comique). Le Kitano d'avant le cinéma donc.

Il y a peu, l'éditeur Wombat proposait une traduction de trois nouvelles de Kitano sous le nom Boys. Chaque nouvelle évoquait l'adolescence, avec ses tracas et la mélancolie des yeux de l'auteur, adulte. Même si les trois nouvelles n'ont rien d'exceptionnelles, elles demeurent une récréation agréable pour les lecteurs s'intéressant aux écrits sur l'enfance. L'écriture est légère, le rythme assez rapide.



L'extrait ci-dessous provient de la première nouvelle. Extrait intéressant puisqu'il s'agit pour Kitano de traduire à l'écrit un effort physique forcément graphique, cinématographique même. Les mots semblent, a priori, peu adaptés pour décrire une telle scène et pourtant Kitano s'en sort plutôt bien. Les phrases sont courtes, les dialogues se réduisent à des incitations à l'effort (presque des slogans), les indications purement techniques (les mètres) entrecoupent, comme un constat sportif clinique, ce qui n'est que de la littérature...autant d'éléments rendant cette scène prenante, comme une respiration qui s'arrête l'espace de quelques secondes.

Le narrateur, jeune enfant, participe avec son frère à une course annuelle organisée par l'école. Seulement, le frère du narrateur, Shin'ichi, déteste le sport et préfère la lecture. Lui qui termine toujours bon dernier voit pourtant, lors de sa course, une opportunité exceptionnelle. Le peloton de tête est victime d'un accident. De ce fait, le vilain petit canard donne toute son énergie pour tenter de doubler ces sportifs aguerris et remporter sa première victoire.

           « Ma mère et moi on a sursauté, mais le plus surpris c’était apparemment Shin’ichi lui-même. De là où il était, je voyais ses yeux écarquillés de stupeur.

                -C’est ta chance, Shin’ichi ! ai-je crié.

                Au même instant, sa physionomie a complètement changé. On aurait dit la tête de quelqu’un d’autre. De la fureur dans les yeux, une moue sur la bouche et les joues tremblotant à chaque foulée, il s’est mis à courir avec une vigueur extraordinaire. Rejetant la fausse indifférence qu’il montrait jusque-là, il courait à corps perdu, comme s’il était devenu Tête Creuse. Shin’ichi était parti pour gagner !

-          Vas-y, Shin’ichi, vas-y !!

                Notre mère l’encourageait avec une telle force qu’elle s’était mise à hurler. Elle s’était levée et tapait des mains à tout rompre.

                Les évènements prenant cette tournure inattendue, je me suis levé pour l’encourager.
                Shin’ichi a bientôt doublé les cinq autres coureurs et s’est retrouvé seul en tête.

                Cinquante mètres.

                Les cinq autres se sont relevés, mais ils avaient dix mètres de retard.
                Soixante mètres.

                Shin’ichi agitait les bras et les jambes comme quelqu’un en train de se noyer.
                Soixante-dix mètres.

                Les cinq autres concurrents se rapprochaient. Shin’ichi a serré les dents. Il était tout rouge.

-          Shin’ichi, Shin’ichi, Shin’ichi !
-          Shin’ichi, vas-y !

                Plus que huit mètres.

                Plus que cinq mètres.

                Il n’avait jamais couru avec tant d’énergie. Ses jambes se sont emmêlées, mais il a néanmoins réussi à les allonger et, juste avant la ligne d’arrivée, a jeté tout son corps en avant.

                Finish !!

                Notre mère a poussé un cri, un vrai cri cette fois.

                Shin’ichi s’est effondré la tête la première.

                C’était une tragédie. Au lieu de s’écrouler derrière la ligne comme il en était persuadé, il était tombé juste trente centimètres avant. Seulement trente centimètres trop tôt !!"

                Les cinq autres coureurs l’ont doublé.

                Couvert de boue, Shin’ichi est resté un moment la tête contre le sol, sans bouger. Puis, gardant la tête baissée, il s’est relevé et a franchi lentement la ligne d’arrivée. »


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