jeudi 4 avril 2013

Obélix et le capitalisme

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Vulgariser des phénomènes complexes n'est ni mauvais en soi, ni simple. A la manière d'un dialoguiste de bandes dessinées, qui doit conserver la force d'un dialogue tout en cherchant à le raccourcir au maximum, le vulgarisateur doit expliquer un phénomène sans tomber dans le jargonnage ou l'explication ampoulée. Dans les deux cas, il faut faire simple, aller à l'essentiel.


Si l'on parle souvent de livres visant le grand public, vulgarisant telle période historique, telle notion philosophique, on oublie que la vulgarisation peut se faire autant avec un livre (entièrement textuel) que d'autres supports, comme la bande dessinée, cette alliance singulière du texte et de l'image. L'exemple d'aujourd'hui est une bande dessinée, Obélix et compagnie, une aventure d'Uderzo et Goscinny qui remplit parfaitement le cahier des charges de la vulgarisation économique.

En effet, l'histoire raconte la stratégie d'un jeune romain, Caius Saugrenus (qui a tout de l'énarque, ambitieux et sans pitié), qui propose ses services à Jules César pour venir à bout de ce village gaulois qui résiste à l'empire romain. Au lieu d'utiliser les armes, Saugrenus propose de diviser de l'intérieur le socle gaulois. Il va en effet tenter de supplanter le système primitif mais concret des Gaulois (le troc), pas d'argent dans le village et les marchands s'échangent leurs produits (Obélix cherche toujours à caser ses menhirs, sans grand succès le plus souvent), par un système abstrait : la société de consommation qui repose sur un médium qu'est l'argent (et non sur un échange de produit à produit). 


Saugrenus va dans un premier temps acheter un menhir à Obélix puis à chaque nouveau menhir qu'il commandera donnera au Gaulois une somme plus importante. La Demande est forte, l'Offre suit. Seulement, l'Offre étant trop importante pour Obélix seul, il va employer d'autres habitants du village pour chasser pour lui ou tailler des menhirs. Voyant Obélix couvert de sesterces, d'autres Gaulois vont également tenter leur chance en produisant des menhirs. Mais comme l'Offre se varie, fin du monopole, Saugrenus achète les menhirs au marchand le moins onéreux.

Le vers est dans le fruit, désormais les dissensions règnent au sein du village. La concurrence marchande prend forme, puisque la majorité des Gaulois travaille dans le menhir alors que par le passé chacun avait sa spécialité (le poisson, la forge, etc.), et fait éclater l'unité des Gaulois.

Dans le reste de l'album, Goscinny aborde également les grèves syndicales, la surproduction (que va faire Rome de tous les menhirs ?) écoulée par le marketing (il faut créer l'envie chez les citoyens pour qu'ils achètent un produit et écoulent les stocks) ou encore le protectionnisme comme réaction à ce libéralisme économique qui cherche à casser les frontières, toute barrière, dans le but d'étendre et de faciliter la circulation des flux.


C'est en lisant un tel album que l'on peut comprendre le génie d'une vulgarisation de qualité, et plus encore le talent de scénariste de Goscinny. Par ce récit, Uderzo et Goscinny livre aux lecteurs (d'hier et d'aujourd'hui) une leçon riche d'enseignements car au fond ces thématiques (qui existaient dans les années 70 lors de la sortie de l'album) sont toujours actuelles.

S'il y a un enseignement à tirer, c'est que la force réside dans le groupe et que les dissensions offrent une route royale au libéralisme économique. C'est en divisant le village gaulois en entreprises concurrentielles, en groupes sociaux divergents, que le pouvoir romain gagne momentanément sa bataille. 

On pourrait prolonger cette réflexion en affirmant qu'aujourd'hui il est plus que nécessaire de penser à des rapprochements trans-courants, à se réunir plus autour d'idées unificatrices, de luttes (qui rassemblent le plus possible et non qui divisent le plus possible) que derrière des partis politiques. 

Qu'importe l'étiquette du moment que l'on s'indigne du système tentaculaire Goldman Sachs, que l'on décide de punir les grands groupes pratiquant l'évasion fiscale (comme Amazon) en favorisant le libraire indépendant de sa ville, de demander et d'aider des coopératives agricoles pour dynamiser un tissu économique local (et sain d'un point de vue sanitaire) au détriment de l'industrie agro-alimentaire, etc. 

Il existe encore des combats d'intérêts généraux, qui nous concernent tous et que l'on peut tous mener. Ne pas tomber dans le piège de la dissension provoquée par de petites questions sociétales et se tourner vers les vices d'un système politico-économique c'est déjà un premier pas pour échapper au "diviser pour régner". Ce qui n'empêche pas les divergences idéologiques, secondaires par rapport à la gravité de certains problèmes énumérés ci-dessus.

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