mardi 12 avril 2011

Extrait - Hunter S. Thompson et le karaté

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Redirection en htm Hunter S. Thompson est l’inventeur du journalisme gonzo, autrement dit une investigation poussée teintée d’aventure subjective. En prenant la forme du roman, Hunter S. Thompson décortique, raconte et percute. Personnage atypique, globalement fana des drogues, il n’en demeure pas moins un esprit éclairé post rêve américain. Sorte de fantôme d’une Amérique décadente, couvrant les grands événements ou les mythes avec un regard un rien désabusé.

L’extrait ci-dessous est issu de son ouvrage culte Hell’s Angels. Témoignage/investigation l’ayant conduit à côtoyer de très près le fameux gang de motards pendant plus d’un an. Thompson démonte la presse new-yorkaise, défait lentement le mythe de ces rebelles motorisés. A côté de ces exercices de démolition, ce travail plus formel d’investigation, notre homme se livre à quelques saillies entre l’intuition et la réflexion. Ici, il s’attaque aux adeptes du karaté, sport prolifique à l’époque et passablement irritant.



« Par ailleurs, pour vaincre la trouille, la pratique des arts martiaux ne sera jamais d’aucune utilité…à moins que l’entraîneur ne soit parfaitement sadique, ce qui, de toute façon, limiterait et pervertirait l’enseignement. A San Francisco, le karaté est roi. En 1965, on dénombrait déjà dans la Baie sept mille inscrits s’entraînant régulièrement. Mais dans le premier bar un peu chaud, on vous montrera un barman ayant « étendu un mec qui essayait de la lui faire au karaté ». Sans être forcément toutes véridiques, ces histoires prouvent une chose : quand il s’agit de faire le coup de poing, les réflexes conditionnés évitent toujours de se faire lessiver. Un barman aux phalanges couturées de cicatrices cognera toujours plus vite et plus fort qu’un karatéka en herbe, qui n’a jamais pissé le sang. Et en vertu du même raisonnement, un Angel qui a passé la rampe assez souvent pour en rigoler poussera sa machine avec un style et une aisance que seules procurent les expériences douloureuses. »

mardi 5 avril 2011

Extrait - Bouvier et les voyages

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Lorsque l’on parle de récits de voyages, plusieurs noms nous viennent à l’esprit. Nicolas Bouvier est probablement l’une des plus belles plumes, et aussi une des plus fines, du XXème siècle en la matière. Érudit mais jamais pédant, globe-trotter mais jamais touriste. Notre voyageur national a raconté tant de destinations, avec un ton oscillant entre l’Histoire et la sociologie, la fiction et la poésie.

Chroniques japonaises reste une référence pour toute personne s’intéressant au Japon. Livre qui commence à dater, 1975 tout de même, Bouvier nous raconte le Japon qu’il découvre à différentes périodes. Le pays qui se relève douloureusement de la seconde guerre mondiale et du protectorat américain, et, plus tard, cette nation puissante et dynamique. L’extrait ci-dessous montre un Bouvier comme on aime. Pragmatique, s’échappant un instant de la chronique pure pour dériver, avec finesse, vers l’intuition, l’analyse même. Aussi pertinente qu’elle est simple dans sa formulation.


« C’est un fait que les bons livres de voyages – Voyez Polo, Bernier, Tavernier et Chardin – sont souvent écrits par des gens qui touchent au commerce. Vente, achat, bénéfice sont les premiers mots du vocabulaire international, l’âpreté mercantile évite à l’observateur ces engouements benêts qui vont bientôt fleurir dans la littérature quand les poètes se mettront à voyager. Avec un commerçant, pas d’envolées à craindre. Encore moins avec ces négociants d’Amsterdam, têtus et apoplectiques, que le barbier saigne et que le ministre exhorte une fois la semaine, qui risquent bravement leur gidouille sur les plus mauvaises mers du monde et dont les trognes ont obligé Franz Halz à user tant de vermillon. Aussi longtemps qu’ils peuvent importer la soie chinoise et exporter le cuivre japonais ils acceptent de bon cœur toutes les tracasseries – fouilles, interrogatoires, isolement – auxquelles les Japonais les soumettent. »

samedi 2 avril 2011

Extrait - Freud et les rêves

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Redirection en htm Sigmund Freud n’est pas spécialement ma tasse de thé. Les concepts du psychologue autrichien, car ce ne sont que des hypothèses et non des certitudes comme on cherche à nous le faire croire aujourd’hui (comme quoi en quelques décennies le langage du psychologue a été, de façon vulgaire, bien assimilé par le peuple), peinent à me séduire. Seul intérêt, l’impact d’un tel mouvement, non scientifique mais prétendant l’être, sur les populations du siècle présent et dernier.

L’extrait d’aujourd’hui est étonnant puisqu’il vise à dénigrer l’interprétation des rêves. Cette espèce d’entreprise grotesque où chacun cherche à trouver du sens derrière des symboles oniriques. Sorte de religion du XXIème siècle, la psychologie de manière générale, l’interprétation en étant une simple parcelle. Freud, l’auteur de Sur les rêves annonce, en début d’ouvrage, l’inintérêt de l’opération. De quoi calmer, par la parole du maître, toutes les protubérances actuelles d’essayistes de seconde zone cherchant à nous refourguer leur camelote dans nos supermarchés (public peu regardant sur la qualité niveau culture).



« Ce qui est rêvé ne peut pas plus prétendre à un sens et une signification que, par exemple, la suite de sons que produiraient les dix doigts d’un individu totalement ignorant de la musique lorsqu’ils se promènent sur les touches d’un instrument. Le rêve doit être décrit comme rien d’autre qu’ « un processus corporel dans tous les cas inutile, dans bien des cas morbide » (Binz). ».