lundi 3 mai 2010

Cioran et les philosophes

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La découverte de Cioran en terminale fut assez redoutable pour moi. Alors que je me creusais la tête pour comprendre des textes philosophiques, cherchant à connaitre l'intérêt même de cette discipline, je découvris un jour Cioran. Plus précisément, la préface de son premier livre, Sur les cimes du désespoir. En quelques mots, le jeune philosophe montrait toute la vacuité de la philosophie en la confrontant à un ennemi de taille, la douleur. Même si Épicure pense que ce prestigieux domaine "soigne l'âme", force est de reconnaître que cette guérison connait rapidement ses limites.

Cioran, un philosophe contre la philosophie

"J'ai écrit ce livre en 1933 à l'âge de vingt-deux ans dans une ville que j'aimais, Sibiu, en Transylvanie. J'avais terminé mes études et, pour tromper mes parents, mais aussi pour me tromper moi-même, je fis semblant de travailler à une thèse. Je dois avouer que le jargon philosophique flattait ma vanité et me faisait mépriser quiconque usait du langage normal. A tout cela un bouleversement intérieur vint mettre un terme et ruiner par là même tous mes projets.

Le phénomène capital, le désastre par excellence est la veille ininterrompue, ce néant sans trêve. Pendant des heures et des heures je me promenais la nuit dans des rues vides ou, parfois, dans celles que hantaient des professionnelles, compagnes idéales dans les instants de suprême désarroi. L'insomnie est une lucidité vertigineuse qui convertirait le paradis en un lieu de torture. Tout est préférable à cet éveil permanent, à cette absence criminelle de l'oubli. C'est pendant ces nuits infernales que j'ai compris l'inanité de la philosophie. Les heures de veille sont au fond un interminable rejet de la pensée par la pensée, c'est la conscience exaspérée par elle-même, une déclaration de guerre, un ultimatum infernal de l'esprit à lui-même. La marche, elle, vous empêche de tourner et retourner des interrogations sans réponse, alors qu'au lit on remâche l'insoluble jusqu'au vertige.

Voilà dans quel état d'esprit j'ai conçu ce livre, qui a été pour moi une sorte de libération, d'explosion salutaire. Si je ne l'avais pas écrit, j'aurais sûrement mis un terme à mes nuits."

Sur les cimes du désespoir, de Cioran

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Il a bien sûr horriblement souffert, mais il demeure assez redoutable. Je le crois – tout au moins –. Je peux me tromper certainement. Si je me trompe, j'essayerai de laisser un nouveau commentaire – si je pourrai.
Il apparaît sur la Terre, tel un de NOS Taliban - remuant dans les domaines de la culture.Cela,bien qu'indubitablement il est doué de génie.
Mais, pourquoi haïr autant la vie, s'il avait lu et n'avait pas manqué de véritablement "digérer" Nietzsche, selon le propre désir de cet haut philosophe?
D'autres humains, sur Terre, ont également souffert, et ont été violemment blessés jusqu'à la plaie saignante, et à la déchirure, dans leurs propres chairs, dans le muscle de leur coeur.
Ce n'est par pour cela qu'ils se sont laissé tomber
dans une haine si charnelle : hautement douloureuse, il est vrai mais ils n'ont pas pour autant haï si brutalement la vie, et ils ont préféré choisir les brutaux chemins de la soi disant "folie ", et du suicide, pour ne pas tomber dans cette trappe. Cela,dans tous les sens de ce terme.
Mais assurément, la société avait une " dette " envers lui.

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